Les presidents am�ricains passent...
Conchita reste (REPORTAGE)
Conchita reste (REPORTAGE)
Par Micha�la CANCELA-KIEFFER
EAF.TMF.ELU I EMI 150900-04h33 w0593
Agence France Presse
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WASHINGTON, 15 sept (AFP) - Il n'est pas un jour ou sa silhouette menue, encadr�e de deux panneaux contre "les armes de destruction de masse", ne soit visible a 50 metres des fen�tres de la Maison Blanche. Tant�t assise, discutant avec des �cureuils, tantot debout expliquant sa cause aux passants.
Depuis bient�t 20 ans, Concepcion Martin Piccioto, "Conchita", sans-abri d'une soixantaine d'ann�es, vit sur deux metres carr�s de trottoir devant la Maison Blanche, d'ou elle expose inlassablement ses id�es.
Elle a �t� la voisine impertinente de Ronald et Nancy Reagan, George et Barbara Bush, Hillary, Chelsea et Bill Clinton.
Vagabonde militante, Conchita esp�re ainsi r�veiller le pr�sident et les citoyens sur les dangers qui les guettent.
"Le monde entier dolt savoir. Je ne quitterai jamais cet endroit", explique l�trange femrne a la peau burin�e et l�norme perruque fabriqu�e par un ami pour la "prot�ger".
"Les armes nucl�aires. Hiroshima. La plan�te bleue au bord du gouffre. La corruption des dirigeants". Elle r�p�te inlassablement les m�mes themes aux Japonais, Isra�liens, moines tib�tains et autres touristes de passage, venus sextasier devant la maison de l'homme le plus puissant du monde.
"D'ou �tes-vous? Br�silien?', demande-t-elle, tendant un prospectus dans la langue appropride. 'Nous navons pas besoin de davantage de catastrophes (. . .) ni de guerres", explique-t-elle a des Japonais tr�s int�ress�s par les photos de victimes d'Hiroshima �pingl�es sur lun des panneaux.
'Vous en avez assez, avec les inondations que vous venez d'avoir au Japon", ajoute Conchita, qui lit assidüment les journaux.
Mme Martin ne s'int�resse pas beaucoup en revanche a l'�lection pr�sidentielle, m�me si du scrutin depend l'identit� de son prochain voisin: "ils sont tous pareils, m�me Ralph Nader", le candidat des Verts:
"Corrompus", affirme-t-elle.
Dans une autre vie, l'Espagnole naturalis�e Arn�ricaine avait "travaill� comme interpr�te pour les Nations unies et pour le bureau commercial de lambassade espagnole".
En 1981, un divorce douloureux a conduit Conchita a changer radicalement de vie et a s'installer sur son trottoir au 1600 Pennsylvania avenue, a Washington.
A New York, Salvador Betancourt, un college de lambassade espagnole, se souvient d'elle : "elle est arriv�e en 1966 (. . .) comme r�ceptionniste, c'�tait une fille tr�s s�rieuse, tr�s bien mise et efficace. A l'�poque, elle ne s'int�ressait pas trop aux questions rnondiales", se souvient-il.
Conchita refuse aujourd'hui de quitter sa "maison' faite de b�ches et de panneaux militants. 'Elle reste environ 16 heures par jour", confirme un policier. "En vertu du code des r�glementations f�d�rales, article 36, qui r�git la manifestation solitaire, elle a le droit de rester l�, si elle respecte certaines r�gles', ajoute-t-il.
Les coll�gues du policier post�s aux alentours ne regardent m�me plus la militante, comme on ignore une statue trop longtemps apercue.
"Je suis l� cornine Jeanne d'Arc: c'est tr�s dur, mais il faut aller de lavant', dit-elle.
La nuit, Conchita voit les lumi�res de la fontaine et du jardin pr�sidentiel s'�teindre une a une vers onze heures, puis dort entre ses affiches, sur une planche bringuebalante, mi-assise, ml couch�e "parce que lon a pas le droit de faire du camping" devant la Maison Blanche.
Selon elle, aucun pr�sident nest jamais venu la saluer.
mck/bd/mf eaf.tmf